Toyota Mirai
Une boisson japonaise à base de thé et d’un sirop sucré de votre choix dans lequel flottent des perles de tapioca, on n’y pense pas forcément à l’heure du goûter. Et pourtant, pour avoir pris cette habitude, c’est un petit plaisir qui sort de l’ordinaire et offre une dégustation aussi inhabituelle que dépaysante. Cette boisson ? Le bubble tea. Le rapport avec la Toyota Mirai à l’essai ? Elle nous vient du Japon, a l’apparence aussi peu engageante, offre une expérience unique en son genre et son moteur à hydrogène… ne recrache que de l’eau ! Voici toutes nos impressions sur l’essai d’un véritable ovni à la sauce manga, la Toyota à bulles, la Bubble Toyota, bref, la Bubble T !
Toyota Mirai : un design de vaisseau spécial
La curiosité est-elle un vilain défaut ? Être attiré par les choses bizarres fait-il de nous un individu bizarre ? Si la réponse est oui, alors je dois assumer ces deux « tares ». En regardant la gamme Toyota, j’ai été pris d’une envie irrépressible d’essayer la plus intrigante des autos et sans doute celle qu’il est aisé de qualifier comme « la plus moche ». J’appréhendais la rencontre autant que je trépignais d’impatience !
Une fois face à la bête en chair et en os, on ne peut en effet rester de marbre. Plus encore que ses dimensions étonnamment grandes, ses nombreux effets de style en imposent. Énormes prises d’air dans le pare-choc avant (à moitié factices) encadrées de deux épais joncs chromés le long desquels s’étirent des feux de jours à LED, petits phares acérés intégrés dans un bandeau noir traversant la face avant à l’horizontale jusque sur les ailes… Lors de notre essai, nombreux sont les badauds qui se sont retournés pour regarder la face avant chargée de la Toyota Mirai, l’air hébété, interloqué, surpris, déstabilisé (note : investir dans une dashcam). Et vue la longueur de l’engin (4,90 m !), les piétons ont eu le temps de l’observer, depuis les passages de roues marqués à la poupe arborant deux niveaux de feux – bandeau en partie haute, triangles en dessous- en passant par les ailes arrière sculptées dans un mouvement évoquant le flux de l’air.
Pris individuellement, ces détails reflètent un sens du design aiguisé. Malheureusement, leur nombre et surtout leurs proportions donnent un résultat un peu maladroit et l’aspect général de la silhouette semble lourd et pataud. Les petites jantes y contribuent… Oui, elles ont beau être en 17 pouces, elles semblent tout de même sous-dimensionnées par rapport au volume global de l’auto ! En garant la Mirai devant une Ford Mondeo SW (ce qui je pense peut être appelé une grosse voiture), le verdict est sans appel. Elle est énorme et encore plus alourdie par les effets de style en-veux-tu-en-voilà. Tout compte fait, oubliez l’image des petites bulles. Nous sommes en présence d’une baleine à bosse, qui expulse de l’eau par un petit trou !
À bord de la Toyota Mirai : elle s’assume en son for intérieur
Toyota est allé au bout de son concept en proposant un habitacle aussi futuriste que l’extérieur. Seuls 4 passagers prennent place à bord, mais dans de très bonnes conditions ! À l’avant, on profite d’une vue imprenable sur le tableau de bord très personnel voire torturé, bien assis dans des sièges confortables et accueillants. L’impression globale est hautement qualitative, même si quelques plastiques sont quelconques. L’ergonomie n’est pas le point fort de la Mirai, avec des écrans multiples et des commandes éparpillées.
Là encore, Toyota n’a pas fait comme tout le monde. Un bandeau horizontal sous le pare-brise affiche la vitesse et les informations relatives au fonctionnement des moteurs, tandis que l’écran central se charge de la partie multimédia. Les commandes de climatisation consistent en deux petites fentes situées à portée de main sur la console centrale, qu’on caresse pour régler la température. Le petit levier de vitesse est intuitif, les habitués des boîtes automatiques ne seront pas perdus.
À l’arrière, même traitement premium avec deux sièges séparés par un accoudoir central sur lesquels se trouvent les commandes des sièges chauffants. Si l’espace est très satisfaisant, il est dommage de ne pouvoir caser ses pieds facilement, du fait d’un plancher qui remonte sous les sièges avant.
Cet habitacle renvoie la même image que le style de la voiture : grand, très travaillé, original…mais un rien désuet. Je reste perplexe devant le constat que Toyota est arrivé à faire un véhicule qui semble globalement vieillot, tout en usant pourtant de détails ultra-modernes. Mais comme pour toute voiture clivante, cela reste une appréciation personnelle et une minorité dans mon entourage a adoré l’exubérance de la Mirai.
Essai Toyota Mirai : où il y a de l’hydrogène, il n’y a pas de plaisir ?
Le chapitre le plus intéressant (et objectif) de cet article se trouve ici ! Car si la Mirai affiche un design si différenciant, c’est pour attirer l’attention sur ce qui la rend vraiment unique, à savoir son moteur à hydrogène ! Le principe ? L’hydrogène, par une réaction chimique avec l’oxygène, produit de l’énergie qui alimente les batteries en électricité en continu et selon les besoins, qui a leur tour entraînent les roues. Si vous vous souvenez de vos cours de chimie, H2 (hydrogène) + O (oxygène) = H2O. La Toyota Mirai ne rejette donc que de l’eau ! Il serait donc tiré par les cheveux de dire qu’il s’agit d’une simple voiture électrique ! Au lieu de recharger directement les batteries sur une borne en l’espace de plusieurs dizaines de minutes au minimum, on effectue un plein d’hydrogène en autant de temps qu’un plein d’essence, c’est-à-dire une poignée de minutes !
À la conduite en revanche, la différence avec un véhicule purement électrique est quasi inexistante. Le couple est disponible tout de suite, ce qui offre des accélérations puissantes. Si au passage du feu au vert vous laisserez les autres dans votre rétroviseur, ne vous attendez toutefois pas au « coup de pied aux fesses ». La Toyota Mirai est lourde et cela se ressent malgré les 150 ch des moteurs. En revanche elle fait preuve d’un certain dynamisme et j’oserais même dire d’une dose d’agilité. La direction est souple sans être imprécise et la tenue de route sans histoire.
Le plus agréable est que ces performances sont offertes dans le plus grand silence. L’insonorisation est vraiment parfaite, à tel point que – pourtant inconditionnel du karaoké lors de tous mes déplacements – je coupais la radio pour profiter de cette quiétude incroyable, comme dérangé par cette pollution sonore. Les bruits de roulement et aérodynamiques sont très bien maîtrisés. À peine entend-on, en phase d’accélération, un léger sifflement donnant l’impression d’être dans un avion. En écrasant le pied droit, le bruit produit ressemble plus aux volets des ailes d’avions lorsqu’ils se déploient. Un voyage en première classe, mais pas en long courrier ! Avec une autonomie d’environ 350 km, vous partirez plus facilement en weekend en Normandie qu’en vacances au Portugal !
Équipements Toyota Mirai : confortablement avant-gardiste
Lancée en 2015, la Toyota Mirai n’a pas pris de retard en matière de technologies de sécurité et de confort. L’alerte de collision est présente (« FREINEZ ! » saute vraiment aux yeux en cas d’urgence !), ainsi que l’alerte de véhicule dans l’angle mort. Les sièges sont chauffants aux 4 places, la climatisation est bi-zone, la caméra de recul permet de caser plus facilement le cétacé dans une place de parking… Bref, rien ne manque à bord de cette auto et cela contribue à des trajets relaxants.
Prix Toyota Mirai : pour écologiste convaincu et fortuné
La Toyota Mirai n’est pas officiellement au catalogue de la marque.
Officieusement, elle s’échange contre environ 78 000 € TTC avec cet équipement riche.
On aime
_ La facilité de prise en main d’une auto pourtant très innovante
_ Le silence incroyable à bord
_ La bonne dynamique de conduite
On regrette
_ Le design trop clivant pour convaincre
_ Le rapport encombrement/habitabilité
_ Le coût à l’achat et à l’usage
Notre avis
Qu’on aime ou qu’on déteste le design de la Toyota Mirai, il faut reconnaître que sur le plan technique, le véhicule est on ne peut plus abouti. Que ce soit au niveau de l’agrément et de conduite et du confort, la Mirai place la barre haut. A tel point que s’il fallait lui trouver une concurrente directe, faute d’autre réelle alternative en dehors de la Honda Clarity, la Tesla Model S semble le mieux lui correspondre. D’aucuns se seront étranglés en lisant cette phrase, il n’empêche que l’équipement complet, l’innovation technique, le confort de conduite et la présentation de la Mirai la classent dans le cercle très fermé des « écolo-premium ». Et ce n’est pas le prix qui me contredira : à environ 78 000 euros avant déduction des aides de l’Etat, elle se destine à une élite sensible à l’environnement. De toute façon, faute d’être commercialisée officiellement en concession Toyota, elle s’adresse principalement aux clients professionnels dont fait partie Air Liquide ou encore la société de transport Hype. Je me suis d’ailleurs entretenu avec un de leur chauffeur en allant faire le plein dans une des trois stations de l’Ouest de l’Île de France (il y en a actuellement 18 sur le territoire français). Celui-ci se disait totalement convaincu par cette technologie, même sur son Hyundai ix35 (il enviait la Mirai…) et m’a fait la démonstration ultra-simple pour faire le plein, une opération qui ne diffère pas d’un plein d’essence, si ce n’est que le compteur affiche des kilogrammes et non des litres. Pour environ 250 km parcourus, nous avons utilisé un peu plus de 3 kg d’hydrogène (sur 5 au total). A 12 euros le kg, on ne peut pas dire que rouler à l’hydrogène soit particulièrement économique (le litre de bubble tea est-il plus abordable que le kg d’hydrogène, ceci est la vraie question !). Quant au bénéfice environnemental, soulignons que la production d’hydrogène, principalement par vaporeformage, produit…du CO2, ce qui donne un bilan écologique pas tout à fait neutre. Mais ne décourageons surtout pas ce genre d’initiatives qui donnent naissance à des alternatives crédibles au tout électrique. Pour l’effort de recherche, pour avoir autant osé, pour l’investissement dans un véhicule marginal qui ne profite qu’à une poignée de clients et à l’image de marque et enfin pour nous avoir offert l’opportunité de découvrir un véhicule hors-normes dans tous les sens du terme, merci Toyota !
Merci à Toyota France pour le prêt de la Toyota Mirai.
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