Portes ouvertes au Conservatoire Citroën !
À l’occasion des journées du patrimoine des 15 et 16 septembre 2018, l’Aventure Peugeot-Citroën a ouvert au public les portes du Conservatoire à Aulnay-sous-Bois, un lieu incontournable pour tout amateur de Citroën. La marque aux chevrons nous y a récemment invités pour une visite privée avec quelques extras , comme la possibilité de sortir quelques véhicules ! Nous vous proposons un aperçu des modèles incontournables pour vous donner une idée des trésors que vous pouvez y voir. Des trésors industriels et plus encore, des trésors du patrimoine culturel français.
La visite du Musée Citroën est toujours un moment d’émotion même pour les visiteurs qui, comme moi, ont déjà eu la chance d’y mettre les pieds. Car il y a toujours un côté exceptionnel et émotionnel dans ce lieu chargé d’histoire.
Arrivé sur le parking, aucun doute possible, nous sommes au bon endroit. DS et HY se côtoient sur le parking, à quelques pas d’Acadiane et autres CX.
Devant l’entrée du site, de petites perles attendent sagement leurs nouveaux propriétaires : Berlingo recarrossé par Sbarro en taxi anglais, C8 Oxygène du même carrossier avec son côté ouvrant, C3 Hybrid-Air… Ces pièces uniques sont issues de la vente aux enchères de décembre 2017, sorties des réserves pour libérer de la place. Citroën sacrifie son patrimoine ? Pas vraiment ! D’une part car il s’agit souvent d’exemplaires en double, de maquettes ayant été dérivés en concepts roulants, et d’autre part car le musée regorge de tous ces modèles qui ont fait l’histoire de la marque et que nous allons découvrir de ce pas !
Des chevrons aux deux-chevaux
L’entrée du musée se fait logiquement dans l’ordre chronologique des réalisations de la marque et est introduite par l’histoire personnelle d’André Citroën. S’il y a une histoire de roues dans l’origine des premiers succès de ce génie industriel, ce ne sont pas celles de voitures. Tout a commencé par les chevrons – qui deviendront l’emblème de la marque – apposés sur des roues pour un usage dans l’industrie. Rachetant les brevets en Pologne, André Citroën réalisa son premier coup dans les affaires avant de s’intéresser à l’automobile au début du XXème siècle.
C’est ainsi que nous découvrons la première Citroën, une Type A doté d’un moteur 4 cylindres de 1300 cc. Sur l’exemple et les conseils d’un certain Henry Ford qui lui fit visiter son usine, André Citroën appliqua certains principes industriels qui lui garantirent le succès et lui permirent de lancer fièrement « la première voiture française produite en grande série ».
Mais assez parlé, revenons dans le présent, à Aulnay : C3 (1924), C4 et C6 (1928)… ces dénominations nous sont familières, mais ce sont ici les premières du nom ! Torpedo, conduite intérieure, faux cabriolet… si ces carrosseries ne vous sont plus familières, elles faisaient partie à l’époque du choix du client, qui achetait la voiture « nue » pour la voir assemblée selon ses désirs par un carrossier.
Pour être tout à fait franc, ce genre de véhicules a tendance à me laisser plus indifférent qu’une automobile « moins vieille » de plusieurs décennies. Mais à les regarder de plus près, j’avoue être tombé sous le charme de certaines d’entre elles comme la C6 cabriolet d’un sublime vert. Pour rendre les choses plus concrètes et nous faire tomber sous le charme, Citroën nous a accordé l’énorme privilège d’accompagner l’une de ces mamies de 90 ans tandis qu’elle se dégourdissait les roues. Cette voiture, c’est la C3 Trefle, sortie d’un long sommeil rien que pour nos yeux ébahis. Suivant la Mamie à califourchon sur la porte passager de la Visa pour la photographier, je ne peux qu’être admiratif devant cette petite beauté presque séculaire. Certes, elle ne roule pas vite… Mais elle roule !
Le nom de « Trefle » vient de la disposition des sièges, deux à l’avant et un centré à l’arrière. La dénomination commerciale complète de ce modèle est donc une Citroën C.3 5 HP Trefle de 1924, une version produite au total à 22 091 unités. En l’admirant de plus près une fois garée, je compatis pour ses trois passagers en voyant cet habitacle étriqué ! Quand on pense que ce châssis était rallongé par rapport à celui de la Type C tout court…
Pour avoir 4 places, il fallut se tourner vers la TPV, dont le cahier des charges exigeait que 4 adultes puissent prendre place dans l’habitacle avec leurs bagages. Ce véhicule destiné à la population rurale devait pouvoir passer sur tous les chemins de campagne. Ce projet de « Toute Petite Voiture », déposée aux Mines en 1939, fut mis entre parenthèses pendant la seconde guerre mondiale et les prototypes détruits pour éviter qu’ils ne tombent entre les mains des allemands. Tous, sauf une poignée d’exemplaires, retrouvés cachés dans le grenier d’une grange et que l’on peut admirer avec émotion. A-t-on besoin de vous dire que ce projet donna naissance en 1948 à la fameuse 2CV ?
Citroën Traction
Impossible d’évoquer l’histoire de Citroën sans évoquer la Traction, la reine de la route, avec ses suspensions hydrauliques et son style reconnaissable entre mille. Certes, ses soucis de fiabilité au début de sa carrière entachèrent son image, mais par la suite en version utilitaire, familiale, cabriolet, pouvant être dotée d’un moteur 6 cylindres… La Traction savait se faire aussi rustique que prestigieuse et reste fortement attachée à tout un pan de l’histoire française.
Citroën TUB et TYPE-H : copains comme cochons
Emblématique, le Type-H l’est également. On connaît tous cet utilitaire à la grosse calandre rappelant un groin de cochon, et surnommé à tort le « TUB», un nom qui correspond à un autre utilitaire de plus petite taille, que vous pouvez admirer sur nos photos à côté de son grand frère et qui le précéda d’une décennie.
L’exemplaire de HY qui nous a été présenté, sorti exceptionnellement du musée pour l’occasion, est bien particulier. D’abord, car il s’agit du véhicule ayant été utilisé dans le dernier film de marque Citroën mais aussi et surtout car il s’agit du dernier exemplaire sorti des chaînes après une production totale de quasiment 500 000 unités au cours de sa carrière longue de 33 ans. Il doit également s’agir de l’exemplaire le moins kilométré au Monde, puisque quasiment neuf !
Citroën 2CV
Les 2CV sont également bien évidemment de la partie, avec une ribambelle de raretés comme une « deuche » anglaise avec une malle et des vitres ouvrantes à l’arrière, la 2CV revue par Hermès, la fameuse « 007 », ou encore un modèle ayant servi de support d’une pétition pour empêcher, en vain, l’arrêt de la production de ce modèle qui avait encore des adeptes en 1990 ! Et les amateurs de la deuche sont encore nombreux, 70 ans après sa commercialisation ! Bizarrerie à signaler, une 2CV de compétition arborant le logo… Abarth ! Citroën a commercialisé dans les années 70 la marque Autobianchi. Peut-on faire un lien ? Cela mérite une petite investigation !
Citroën SM
Restons un instant côté transalpin pour évoquer la Citroën SM et son moteur Maserati, une merveille de design, de confort et de performances. Ce bolide, qui a fait la joie, entre autres, de la brigade d’intervention rapide de la gendarmerie nationale, s’est aussi offert une déclinaison sportive prototype exposée au musée, une version proto rallye à l’arrière tronqué. Il faut dire que la SM a eu une carrière sportive et un joli palmarès, comme sa victoire au Rallye du Maroc de 1971.
Citroën DS
Puisqu’on est dans le thème des légendes et quitte à froisser les dirigeants de la marque DS qui ont décidé de renier le passé « chez Citroën » et de s’approprier l’histoire de la SM et de la « déesse », on trouve également de beaux modèles de la prestigieuse berline qu’adorait De Gaulle. On ne parlera pas de la voiture présidentielle « 1 PR 75 » qui ne ressemble plus à une DS car rallongée, alourdie, pataude, rectiligne…tout l’inverse de la ligne originelle ! Mais on trouve d’autres exemplaires plus ordinaires qui ont aussi leur histoire, comme l’exemplaire qui servait à amener la paie aux ouvriers de l’usine de Poissy, équipée d’un casier dans le coffre, bien évidemment protégé des larcins.
Citroën CX
Celle qui a eu la lourde tâche de lui succéder comme porte-étendard, la CX, est aussi à l’honneur. On est perplexe face au prototype « Projet L », qui arborait une face avant assez rectangulaire et évoquant plus un dessin de Peugeot. Mais les lignes générales de la CX y étaient ! La CX Prestige est impressionnante, surtout aux places arrière. On a oublié que les grandes berlines offraient par le passé 5 vraies places royales. Cherchez bien sur le marché actuel, il n’y en a pas beaucoup qui offrent un espace aussi généreux et un tel confort !
Plus modeste, la GS n’en est pas moins confortable et apportait aussi son lot d’innovations avec notamment son moteur bi-rotor proposé à la vente après des essais clients sur la M35, sorte de coupé Ami 8 testée par de vrais clients qui servaient également de cobayes…
Citroën Dyane et Mehari
Enfin dans cette ambiance d’hommage festif, je me dois de mentionner la Mehari, lancée il y a 50 ans, plus exactement en Mai 1968, autant vous dire dans la plus totale indifférence. Elle fut alors présentée comme « Dyane 6 Mehari » car reposant sur le châssis de la Dyane et en reprenant nombre d’éléments qui habillaient une carrosserie faite de plastique. Tantôt véhicule de loisir ou utilitaire, cette auto atypique a fini par trouver sa clientèle et affiche aujourd’hui une cote très soutenue sur le marché de la collection. Bien plus que la Dyane dont elle dérive, sauf si on parle de la Cimos Geri, une Dyane Pick-up produite en Yougoslavie, version rarissime dont il ne resterait que quelques unités dans le Monde.
Parmi les petites perles arborant le regard de la Dyane et de la Mehari, la FAF fait aussi figure d’ovni. Cet engin militaire utilisé notamment au Portugal est absent de tous les rassemblements d’anciennes et n’espérez pas en croiser sur la route !
BILAN DE LA VISITE : RENDEZ-VOUS À AULNAY !
Notre petit article a sans doute un goût de trop peu. Nous vous avons sans doute laissés sur votre faim tant en termes d’informations que de photos. Nous ne pouvons donc que vous inviter à foncer ce weekend au Conservatoire d’Aulnay (cliquez ici pour réserver) pour y découvrir des tas de merveilles aux chevrons (ou pas !). Vous ne pouvez pas vous y rendre ? Alors restez attentif, nous vous réservons un autre article dans les semaines à venir qui devraient combler votre curiosité et vous réserve quelques surprises !