Citroën C5 Aircross
Citroën a définitivement renoué avec son identité en se repositionnant sur LE point fort caractéristique de la marque : le confort. Les évolutions du C4 Cactus restylé en sont le symbole, le C5 Aircross en est la confirmation. Pendant ce temps-là, DS étend sa gamme et la fait évoluer vers le (vrai) haut-de-gamme, et creuse l’écart avec les modèles Citroën. Mais puisqu’il faut bien un modèle pour chapeauter la gamme aux chevrons, c’est au C5 Aircross que revient ce rôle. L’héritier de la DS, de la CX, de la XM et de la C6, c’est ce SUV ! Avec un héritage aussi lourd, ses aïeules ayant toutes marqué leur époque par leurs lignes et leur confort, peut-il vraiment reprendre le flambeau ? Est-il capable de faire de l’ombre à DS ? Réponse dans un article comparatif qui vous fera voyager dans les hautes sphères… hydrauliques, bien entendu !
Citroën C5 Aircross vs Citroën DS21 Pallas : Un véritable haut de gamme innovant ?
Design : différente, pas révolutionnaire
Chez EDC, le C5 Aircross nous est déjà familier. Normal, après le prototype, nous avions pu découvrir ce nouveau SUV en version de pré-série à l’occasion de sa présentation presse (à retrouver ici). Si une grande berline est dans les tuyaux, c’est bien ce nouveau SUV qui est, pour un certain temps, le porte-étendard de la marque. Les temps changent et on ne reviendra pas sur l’engouement pour ces véhicules hauts sur pattes, désormais présents sur tous les segments, du citadin au familial en passant par le coupé… Mais il faut dire que si Citroën a tardé à s’engouffrer dans cette catégorie en expansion permanente, les designers ont réussi l’exercice avec ce C5 Aircross, harmonieux et distinctif.
Car si la DS originelle marque encore la rétine par sa fluidité et la pureté de ses lignes, ses roues arrière carénées et ses clignotant dans le prolongement de sa ligne de toit, le C5 Aircross affiche lui aussi une belle prestance et une forte identité. Sa face avant à double étage est traitée avec plus de finesse que les C3, C3 Aircross et C4 Cactus, intégrant une fine calandre aux ouïes cerclés de chrome. Autre nouveauté stylistique, le traitement à deux étages également pour les feux arrière, dont les motifs à LED sont superposés sur deux rangées.
D’apparence massive, la ligne offre beaucoup de détails aussi originaux qu’agréables à l’œil, comme les deux espaces creusés de chaque côté du capot, les Airbumps en partie basse avec des ponctuels de couleur personnalisables ou encore ce contour chromé revenant en forme de C autour de la vitre de porte arrière.
Comme sur la DS, Citroën réussit à créer une forte identité visuelle sur une voiture aux traits doux. Et cela est peu courant dans la production automobile actuelle. Si le dessin n’est pas aussi révolutionnaire que le fut celui de la DS, il n’en est donc pas moins personnel et différent des productions actuelles.
Équipements C5 Aircross : Acquis mieux-mieux
La DS avait jeté le pavé dans la mare en offrant un niveau d’équipement assez impressionnant pour l’époque. La direction assistée n’était pas chose courante ! Celle de la DS était donc un luxe, qui ajoutait encore plus de douceur pour une conduite en parfaite adéquation avec ses suspensions hydropneumatiques. Les phares directionnels faisaient aussi leur petit effet et, je dois l’avouer, m’amusent toujours autant.
La direction de l’héritière aux chevrons est toujours assistée. Et mieux calibrée que sur une C4 Cactus dont il faut faire plus d’un quart de tour de volant pour une petite manœuvre d’évitement. La direction du C5 Aircross est plus précise, même si cela reste très souple. Les phares ? Ils sont à LED et passent automatiquement en feux de route et en feux de croisement en fonction de l’obscurité et du trafic. On a encore progressé, mais ce n’est qu’une mise à jour par rapport à ce qui se fait sur le marché, pas une innovation. Comme l’aide au maintien dans la voie, une technologie de sécurité fort rassurante mais qui s’est déjà démocratisée.
C’est dans l’habitacle que le C5 innove le plus et fait honneur à ses gènes. S’asseoir à l’intérieur pour la première fois procure à peu près la même sensation que dans une DS : on est surpris par le moelleux des sièges à mousse haute densité du C5 Aircross, qui augurent des longs trajets sans mal de dos ni de fesses, d’autant que leur maintien est satisfaisant et l’espace généreux. Une habitabilité permise par la taille imposante : le C5 Aircross mesure 4,50 m, soit 5 cm de plus qu’un Peugeot 3008 dont il partage la plateforme. Dans l’ancienne, on est assis comme dans le canapé de sa grand-mère, on s’enfonce dans les sièges avec l’envie de ne jamais en sortir tandis que les pieds sont accueillis par une épaisse moquette.
À l’arrière du C5 Aircross, même moelleux sur les trois sièges indépendants. Oui, trois vrais sièges, coulissants de surcroit, qui se rabattent en une demi-seconde et permettent d’agrandir encore un coffre déjà fort généreux. La modularité, l’espace et le confort d’un monospace dans un SUV, c’est ça, l’innovation Citroën de 2018. Car si la banquette de la DS accueille 3 personnes sans problèmes, les berlines familiales actuelles sont rarement aussi accueillantes. Offrir le même confort à 5 passagers est donc un réel atout du C5 Aircross qui justifie de tourner le dos à une belle berline.
Citroën C5 Aircross face à la Citroën C6 : digne héritière ?
Confort : l’hydraulique, c’est fantastique
Après le système de suspensions hydrauliques haute pression, amélioré avec la gestion électronique du système Hydractive, sur la XM, sur la Xantia Activa et enfin la C6 (Hydractive III), le C5 Aircross adopte les nouvelles suspensions lancées sur la C4 Cactus avec leurs fameuses butées hydrauliques progressives. Faisons un petit tour à bord de la dernière grande berline à circuit hydraulique de Citroën avant de la confronter sur la route avec sa descendante !
La Citroën C6 était il y a 10 ans le fleuron de l’automobile française aux côtés de la Renault Vel Satis et de la Peugeot 607. Ligne fluide, lunette arrière incurvée comme sur la CX, larges sièges en cuir et boiseries… Elle se posait en berline premium directement dans la lignée des DS, CX et XM. Mais elle s’accordait toutefois des entorses aux codes du haut-de-gamme en reprenant des éléments issus de modèles PSA de grande série, comme la console centrale de la Peugeot 407.
Une pratique toujours de rigueur sur le C5 Aircross : l’ordinateur de bord de 12,3 » entièrement digital et personnalisable, les aérateurs sur deux étages, le revêtement de la planche de bord façon bagagerie renvoient une belle impression de qualité et un design sophistiqué et personnel ; l’écran multimédia, les plastiques de qualité correcte mais pas exceptionnelle et nombre de commandes se retrouvent sur diverses Peugeot et Citroën. Mais le SUV de Citroën coûte environ 20 000 euros de moins qu’une C6, on comprend plus facilement la recherche d’économies d’échelle ! En bref, le C5 Aircross a un style suffisamment personnel pour se distinguer de ses nombreuses cousines, mais pas assez de raffinement pour se revendiquer haut-de-gamme. La raison tient en 3 caractères : DS 7.
Le plus intéressant se passe derrière le volant de ces deux reines du confort. La Citroën C6 propose un velouté donnant l’impression de voler au-dessus du bitume. La fermeté de ses sièges en cuir est atténuée par des suspensions qui filtrent parfaitement les aspérités de la chaussée, en faisant toutefois ressentir aux passagers la force de l’attraction terrestre. Si elle ne penche pas comme une DS en virage, le poids de la C6 la fait s’écraser sur ses appuis, flagrant sur les dos d’âne et les grandes bosses. Lorsqu’une C6 vous suit la nuit, vous aurez l’impression qu’elle passe son temps à vous faire des appels de phares tellement l’avant rebondit !
Le C5 Aircross offre quant à lui un toucher de route plus en phase avec les goûts actuels. Il vire étonnamment bien mais on ressent plus les défauts de la chaussée, du moins on les devine car ils sont extrêmement bien filtrés à la fois par les suspensions et par les sièges rembourrés de mousse. S’il n’atteint pas la douceur de la berline, il est toutefois bien au-dessus de ses concurrentes en termes de confort.
De butée à butée : Et face à la berline C4 Cactus ?
Faisant partie des tous premiers clients à avoir pris livraison d’une nouvelle C4 Cactus, il y a bientôt un an, je me permets une parenthèse pour comparer ces deux modèles à butées hydrauliques. Après 7 000 km en C4 Cactus, je dois dire que si ces 2 Citroën utilisent la même technologie, les sensations de conduite sont différentes. Car avec 430 kg de moins, la légèreté du Cactus offre une expérience unique et donne l’impression de survoler la route, mais engendre aussi un effet chewing-gum sur les plus grosses bosses à haute vitesse, l’avant plonge au freinage et l’arrière à l’accélération. On a alors l’impression d’être dans une 2CV ! Dans le C5 Aircross, on jouit d’une plus grande stabilité ; le SUV est certes plus haut, mais aussi plus lourd. Il est extrêmement confortable mais son châssis dispense un plus grand dynamisme et offre un meilleur ressenti de la route. Un compromis moins clivant, car il faut le dire, les sensations de conduite de la C4 Cactus sont vraiment inédites sur le marché et plairont autant aux amateurs de Citroën anciennes qu’il rebutera les habitués des sièges façon banc d’église et des coups de volant incisifs.
En résumé, les suspensions du C5 Aircross en font un des véhicules les plus confortables du marché mais le distinguent à la fois de la très moelleuse et lourde C6 et du ludique et léger C4 Cactus. Un compromis confort Citroën / modernité qui nous semble être idéal pour séduire le plus grand nombre.
Motorisations C5 Aircross : point de noblesse
Nous essayons pour la première fois le moteur essence PureTech de 180 ch, couplé à la boîte automatique EAT8. Il s’agit de la motorisation la plus puissante du C5 Aircross, le Diesel culminant également à 180 ch. On est loin des 240 ch de la C6 avec son V6 Diesel, pas trop loin des 211 ch offert par le V6 essence. Sauf que la berline préférée de N.Sarkozy affichait 1,9 tonne sur la balance, quand le Citroën C5 Aircross ne pèse que 1,43 t.
Face au V6 HDi 240 ch de la C6, la C5 Aircross et son Puretech 180 ch font le poids, c’est le cas de le dire, et affichent même un meilleur chrono pour le 0 à 100 : 8,2 secondes, contre 8,5.
Cette vivacité est plus flagrante en enclenchant le mode Sport, qui ajoute du piment à la conduite et permet d’observer la pertinence des changements de rapport de la boîte EAT8. On voit les progrès effectués par rapport à la boîte auto traditionnelle de la C6 ! Celle-ci propose elle aussi un mode sport, à la fois au niveau de la réponse moteur et des suspensions, qui offrent alors des prestations plus proches de celles du C5 Aircross. Le V6 fait alors ses vocalises, dont je n’aime pas beaucoup la sonorité de machine à laver en cycle essorage.
Le PureTech du C5 Aircross est plus feutré tant en conduite douce qu’en conduite sportive. Sans doute grâce au vitrage feuilleté acoustique. Présent sur les deux modèles, il est plus épais sur la C6 car constitué de deux vraies vitres latérales, mais à cause du bruit du Diesel, la berline n’atteint pas la quiétude qui règne à bord de la nouveauté.
Le C5 Aircross distance aussi sa devancière sur le terrain du franchissement car même si la C6 pouvait être surélevée grâce aux suspensions hydrauliques, elle ne disposait pas du Grip Control, un ESP sophistiqué s’adaptant à différents terrains pour gagner en motricité. Un système qui ne fait pas de miracle mais pourra donner des coups de pouce bienvenus.
Prix Citroën C5 Aircross
Citroën C5 Aircross à partir de 24 700 €
Modèle essayé : Citroën C5 Aircross Shine PureTech 180 ch EAT 8
à 35 900 € incluant les options :
- Peinture métallisée nacrée Rouge Volcano à 650 €
- Toit ouvrant panoramique à 1 400 €
- Pack Grip Control à 300 €
- Pack Park Assist à 400 €
On aime
- Le design expressif sans agressivité
- Le confort exemplaire face aux standards actuels
- La modularité digne d’un monospace
- L’alliance du PureTech 180 ch et de la boîte EAT8
On regrette
- L’absence de vraie innovation technologique
- De devoir attendre encore pour la version hybride
- Différent, mais pas assez pour devenir un collector comme ses aïeules !
Notre Avis
S’il n’est pas impossible qu’il devienne véhicule présidentiel aux côtés du Peugeot 5008, le C5 Aircross n’est pas un haut-de-gamme à la française comme ce fut le cas pour les Citroën C6 et les Citroën DS. Dans un sens, tant mieux. Le confort de première classe est accessible au plus grand nombre et réussit à être au dessus du lot sans faire de concession sur le dynamisme de conduite ! Avec une version Shine culminant à 180 ch et doté de toutes les technologies modernes, la plus élitiste des C5 Aircross offre son haut niveau de prestations contre un peu plus de 33 000 euros. Le confort et l’équipement d’un haut-de-gamme dans une voiture accessible et originale, voilà une jolie réussite pour la marque aux chevrons et une belle démonstration que 100 ans après avoir construit sa première automobile, Citroën a gardé sa raison d’être, sa philosophie et sa créativité. Merci Citroën !
Merci à Citroën France pour le prêt du nouveau SUV C5 Aircross et à Cyrille pour sa disponibilité et la mise à disposition de sa DS 21 et de sa C6.
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